Mieux connaitre les sites gérés est l’une des nombreuses missions du Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté. Un diagnostic sur plusieurs groupes est généralement réalisé lors de l’élaboration du document de gestion du site, lorsque le Conservatoire en acquiert la maîtrise d’usage ou foncière : cartographie des milieux naturels, inventaires des insectes (libellules, papillons de jour, sauterelles et criquets, etc.) et des oiseaux, etc.
Cette amélioration du savoir sur nos sites se poursuit ensuite pendant la mise en œuvre du document de gestion et permet d’adapter au mieux nos interventions sur les sites naturels.
Ainsi, au mois de juin, 3 nouvelles espèces à fort enjeux ont pu être découvertes par nos naturalistes sur 2 sites conservatoires du Jura :
- Le liparis de loesel, une petite orchidée très discrète quasi menacée à l’échelle européenne. Une rareté régionale !
Cette nouvelle station de liparis de Loesel a été découverte sur un des sites naturels de la Combe d’Ain. Il reste moins d’une vingtaine de stations connues de cette espèce en Franche-Comté. Le mode de reproduction de cette petite orchidée a de quoi étonner. Comme toutes les orchidées, une fois la fleur fécondée, ses graines ont besoin d’entrer en symbiose avec un champignon pour pouvoir se développer. Mais contrairement à beaucoup de ses congénères, la reproduction du liparis de Loesel via la pollinisation par les insectes n’a jamais pu être observée. Cette plante peut s’autoféconder grâce à des organes femelles et mâles présents dans la fleur ou diviser son propre bulbe.
- Le cuivré de la bistorte, un magnifique papillon aux ailes violacées, en danger à l’échelle européenne.
Fréquentant les prairies humides et les bas-marais, cette espèce est ce qu’on appelle une relique glaciaire, c’est-à-dire une espèce boréale dont l’aire de répartition s’est étendue au sud de l’Europe lors de la dernière glaciation. En France, ce joli papillon de jour subsiste aujourd’hui dans les massifs montagneux. En Franche-Comté, on le rencontre dans les Vosges et dans le Jura, à des altitudes relativement élevées : 600 m pour certaines coulées froides vosgiennes et à minima 790 m dans le Haut-Jura. C’est dans un de ces bastions du Haut-Jura que l’espèce a été découverte, dans des milieux de prairies tourbeuses où la renoué bistorte, plante hôte du papillon, s’épanouit.
- Le damier de la succise, un papillon exigeant, quasi menacée à l’échelle de l’ancienne région Franche-Comté.
Distribuée partout en France, cette espèce est beaucoup plus fréquente que les précédentes, avec cependant une forte régression dans certaines régions due à la destruction de ses milieux naturels. Ce papillon se rencontre sur toute la Franche-Comté. Néanmoins, il est présent davantage en moyenne montagne, ses milieux de prédilection (pelouses sèches et prairies humides) y étant plus fréquents et mieux préservés. Espèce protégée, il est toujours intéressant de la découvrir sur un nouveau site.
Photos : H. Bourque, M. Crouvezier
